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Rodolphe Legros
3 Mai 1913- 7 decembre1964

Parmis des centaines de chansons interprétées, composées ou adaptées par Rodolphe Legros, Manman Nanotte est probablement le tube préferé de plusieurs générations d’haitiens. Ses caracteristiques romantiques et socio-économiques ont valu a cette chanson une place speciale dans la literature musicale haitienne. Dodof n’avait que 18 ans quand il écrivit cette chanson; elle y fut sa première.

Fils de la couturière, Desgrace Rémy et du soldat, Dieudonné Legros, Dodof fut l’aine d’une famille de dix enfants;six garcons et quatre filles. Ils sont, Rodolphe, Jean, Archibald, Richard, Raymond, Alexandre, Elvire, Bernadette, Anne Marie at Elia. Cette dernière épousera André Pasquet, le père de Tico et de Dadou Pasquet. Selon ce que m’a raconte Richard Legros, il y a de cela belles lurettes, c’est André Pasquet, footbolleur  qui apporta chez lui une guitarre.et Dodof  l’utilisa pour apprendre a jouer.

Avec Dormelas Philippe, Alexandre Legros et Dodof , le trio HH3W nait. Ce trio performait sur les antennes de la station de radio dont il porte le nom. Puisque rien ne peut rester figer, comme aurait dit Montaigne, le trio changea de nom et devint Trio Haiti.
                                                                      
Des frères Legros, Raymond est probablement l’unique frère qui ne s’est pas exhibe sur disques, sur scène ou bandes magnetiques. Jean, guitariste, chef d’orchestre a pendant longtemps bercé la population haitienne. Il a performé sur les ondes de radio Caraibes et dans des maisons privées avec d’autres musiciens. Il a eu une répertoire assez riche.Gisèle, par example, fut l’un des joyaux qu’il interpretait dans les fêtes privées qu’il animait. Autant que je me rappelle, Jean Legros a eu des troubles avec Antenor Bobo, (Ti Bobo), pendant que son orchestre jouait chez Deva à Cotes Plages. Bobo se sentait offusque du fait qu’il n’ait pas ete invite par Deva à une de ses festivités . Si Jean Benjamin a connu du succès avec Gisèle, c’est grâce à Jean Legros m’affirma Michel Pressoir. Gisele ajouta Michel est l’oeuvre d’un artiste inconnu mais, Jean Legros est celui qui lui ait donné cette chanson pour chanter et par la suite, Edner Guignard la sollicita de lui. La suite révela Michel est chose notoire, Edner l’arrangea pour l’orchestre du Riviera Hotel et Jean Benjamin. Quand à Alexandre et Richard, ils ont évolué avec Dodof dans plusieurs prestations et ils étaient présents quand, pour Mini Records en 1979, Gérard Dupervil interpreta les chansons de Dodof. Malheureusement, Richard est parti pour l’orient éternel en Mai 2008.

Pendant que Port Au-Prince se maquillait et que le tourisme commencait a se développer comme une sorte d’industerie, l’ingénieur Robert Baussan, propriétaire de l’hotel Ibo Lélé proposa à Dodof de former un groupe pour animer l’inauguration de l’hotel. A ce moment, Dodof fit choix des meilleurs musiciens qu’il connut pour former ce groupe.

Le groupe était composé comme suite, Ernst Lamy, piano, Félix Guignard, accordeon, Victor Flambert, saxophone, Dormelas Philippe, basse, Yves Leurebours, castagnet, Richard Legros, bongo, Alexandre Legros, tambour et Guy Durosier. C’est ce même orchestre qui se metamophosera en orchestre Radio Commerce.Cet orchestre passera six ans a Ibo Lele, de 1950 jusqu’au mois de Mars 1957.
 

Dodof appartient à une generation de musiciens qui accordait une place spéciale au folklore haitien. Ses compositions et interprétations sont caractérisées par un fond folklorique assez prononcé. Il voyageait dans les mornes non seulement pour communier avec les paysans mais aussi et surtout en quête d’inspirations. Déclaration paysane indique Richard, le petit frère de Dodof et Jacques, son fils, dans un entretien accordé à Emile Pierre en 1981, en est une des preuves irréfutables de ses contacts avec les paysans.                                                                                                                             

Un jour, raconta Richard, Dodof pendant l’une de ses visites en provinces  demanda à un paysan la question suivante. Qu’auriez vous dit à une paysane si vous la courtisiez’? Le paysan répondit dans des termes chaleureux, amoureux et la réponse plut à Dodof. En retour, Dodof lui donna cinquante centimes. Ainsi, Déclaration paysane fut écrite. 

                                                Mademoiselle je vous aime
                                                Pou nou mariye
                                                Pou nou pa janm kite
                                                Che Koukout je vous aime
                                                Pounou jwi lavi’n
                                                Jouskaske’n mouri
     
Rodolphe Legros vécut à Port-Au- Prince, sa ville natale jusqu’a l’âge de 44 ans. Ayant obtenu un contrat de Carlo Juste, propriétaire d’une Boite de nuit à Montréal, dénommée Perchoir d’Haiti, Dodof laissa Haiti en 1957  pour l’Amérique du Nord ou il y séjourna pendant trois ans. Il y resta pendant un an  au Perchoir, bien qu’il ait connu un succèss fourdroyant, mais financièrement il fut déçu.

Il passa au Cabaret Mont Martre à Saint Laurent où il animait des soirées avec son groupe et l’Orchestre de Johnny  Reno. Chaque mardi. Le spectacle de Dodof et sa suite a eté relayé par la CGMS, station de radio notoire de Montréal.

En 1960, Dodof choisit Brooklyn comme lieu de résidence. A cette époque, il y avait peu de musiciens haitiens à New-York . En dépit de tout,  Dodof decida de former pour la troisième fois un petit groupe musical pour se détendre et s’exterioriser. Au tambour, il y avait Richard , son inséparable frère, un accordéoniste dont Richard a oublié le nom et Dodof chantait  tandis qu’il maniait la guitarre. Chose incroyable , mais vrais; raconta Richard; ce trio alluma Long Island et ses villages, malgré l’inexpérience de l’accordéoniste. Il semble que la notoriété que Dodof jouissait en Haiti et à Montreal l’avait suivi jusqu’au sanctuaire des Yankees.

Dodof  retourna a Montréal pour performer avec Jean Léon Destiné. Dès qu’il entonna le premier chant inscrit au programme, il sut qu’il avait un problème. Cependant, de façons médiocres, il interpreta la chanson. Ayant éprouve  la tiédeur de l’interprétation, il  chanta à noueau le morceau  pour réparer certaines erreurs commises et rendre heureux son public.  Le lendemain il visita un médecin qui voulut l’hospitaliser à cause d’un saignement au nez, mais il refusa. Tout de suite après, il prit l’autobus en direction de New York et dès qu’il arriva à Brooklyn, il fut hospitalisé.

 Véritable étoile de la chanson haitienne, à 18 ans, il s’était déja révelé comme un jeune musicien doué d’une voix extraordinaire. Ce n’est pas sans raison que Guy Durosier l’a immortalisé dans ‘Si w al en Ayiti”. Quand des vagues de nostalgie mettent en relief la musique retro, on pense à Dodof et à son équippe. Cette génération de musiciens a su comment mélanger tendresse, compassion, complaintes d’amour, amour du terroir, rithmes ancestrales pour envouter leurs adeptes.

                                                                                                   Adrien B. Berthaud


                                   

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