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Un Coup D’oeil Rétrospectif  Sur La Musique Folklorique Haitienne

Haitian Bells Et Sa Suite

Au début des années 70, à New –York, la nostalgie et le désespoir rongeaient les coeurs des centaines  d’haitiens. Considerés comme étant des exilés volontaires, certains d’entre eux fourgeonnaient les dossiers pour apporter un regain de vitalité à  ce qui reste de la musique folklorique haitienne. Le jazz Des Jeunes était à son déclin, le Lambi Club, le Gombo Club, Choeur Simidor,Choeur Michel Desgrottes, Choeur Desjean , Choeur des Cousins etc n’y étaient plus. Leurs membres,  éparpilles ça et là à travers l’Europe, les Amériques et l’Affrique observaient avec indignation les conflits idéologiques, les ambitions sordides et outranciers d’une minorité qui faisait la pluie et le beau temps au pays du soleil.

Pour que notre musique ne s’éteigne point, pour empécher l’achoppement de cette tranche de notre gateau culturel, plusieurs compatriotes ont érigé à New York des groupes culturels ayant presque les mêmes structures harmoniques. Pourtant, ils se  différenciaient  dans leur quête de modernisation. Haitian Bells, sous la direction du durecteur culturel, Harold Haspil voulut s’écarter un peu du  primitivisme de notre musique folklorique. Alix Pascal, Kiki Wainwright en conjunction avec Joachim Levy adoptaient des techniques nouvelles pour présenter au grand public ‘ Le vodou Jazz Haitien. Serait elle la fusion de nos rithmes vodouesques avec le Jazz Américain.?       

 Composé de Nicole Baron, Joelle et Margaret Erasme, Denise Lallemand, Raymond Dussek, Jean claude Gabriel, William Regis et Frantz Wainwright dans la section des voix, Mario Riviera, Jose Merino, Fernandez Kilvio, Hilton Ruiz dans la section des instruments à vent, Hilton Ruiz, au piano et Wayne Dockery,Albert Louis Jeune, Anathan Charles et Aurelien Excellent dans la section rithmique. Ces musicens furent les pionniers d’un mouvement qui plustard portera le nom de ‘musique “Racine”

En 1973, hantés par l’idée de propulser le sentiment national, ces musiciens ont lancé sur le marché un disque titré “The Haitians Bells Lp 101” ,  Un travail prestigieux qui  constitue le fruit de la mémoire, un rappel à l’identité, au receuillement, à la méditation pour tous ceux qui vivent, luttent et espèrent. Ils ont imprimé sur ce LP:

Latibonit
Damballah
Depi nan Ginen
Libète
Lwa Zaou
Agwetaroyo
Severine
Priyè Agwe

Ils voulurent que nous soyons les seuls juges de leur performance. Qu’en dites vous?

Comme énnoncé plus haut, Haitian Bells n’était pas le seul groupe à promouvoir la musique paysane à New York. Parmis eux, on voyait sur scène,  Fleurs D’Haiti, dirrigé par Antoine Chéry , Soley Leve etc. Cependant, Fleurs D’Haiti  n’a rien laissé sur disques ou bandes magnétiques mais, Soley Leve en 1971-1972 a produit ‘ Chansons Et Poesies Patriotiques sur un LP( SOS 001). Sur ce LP figure des chansons comme Fomann, Boss Selom etc.  Mais, paralèllement à Haitian bells,  Soley Leve fut une association culturelle dont le répertoire et les méthodes de travail reflettent l’image du théatre engagé.

 Le mouvement Haitian Bells résonna jusqu’à Paris pendant les années 73-76, avec les préstations de Joe Archer à L’Olympia De Paris. Le 5 Aout 1978 en Haiti, Boukman Ekperyans eut sa première répétition avec Fanfan Alexis (guitariste, Chico Boyer (bassiste). C’est aussi  en 1978 que Boukman Ekperyans s’est fait écouter sur les ondes de Radio Métropole en Haiti. En 1979, Boukman , déclara Théodore Beaubrun Jr  sur les ondes du Quintet Tropical “ Moman Kreyol”en 1986 dans une entrevue accordée par Fritz Martial, ajouta trois autres tambours et partit à l’assaut.

Toujours  en 1979, plus précisement en Juin 1979 , Jacques Ardouin Chancy joignit le groupe Picorayana. Ce groupe portait dans les couloirs le nom de Bossa Jr parce qu’il utilisait les instruments du Bossa Combo pour y répéter. Cependant,  avant même qu’il fusse baptisé du nom de Picoranaya, il donna leur première prestation chez l’artiste peintre Jean Marie René Jérome. A cette soirée culturelle, Doudou Chancy se souvient de la présence du musicologue haitien Gerald Merceron; il  fut l’un des témoins et défenseurs du mouvement “Racine”. Les membres de Picoranaya etaient comme suite: Djo Romain, Doudou Chancy, saxophones, Jacques Jn Louis, percussions, Serge Jean Noel, chanteur, Windzor (Ayizan) basse, Gregory Laporte, piano, etc.

 Samba Zao, Louis Lesly Marcelin fonda en 1980 le groupe Sa.  Formé de Chico Boyer,Denis Emile, Piquion, Wilfrid Lavaud (Ti Do), Juglio Jean Raymond, Ronald Derenoncourt(Aboudja), Gregory et Harry Sanon et Jacques Ardouin Chancy (Doudou) saxophone.  En 1981, Denis Emile laisse Haiti. Par la suite, Chico Boyer fonda le groupe Foula et Zao, le groupe Samba Yo. 

 En 1984, Alix Pascal a de nouveau illuminé la scène musicale avec le groupe Ayizan .
D’ailleurs, Théodore Beaubrn Jr reconnait le role qu’a joué Alix Pascal (Tit Pascal) dans la certification de la musique racine et il a adjugé le titre de premier guitariste du mouvement “ Racine” au frère jumaux de Dernst Emile; Denis Emile.

Mais, après le départ de Jean Claude Duvalier en 1986, la musique folklorique retrouva son costume de guerrier; elle fut sur la route qui la permettera d’avoir un second souffle. Nous avions vu déferler, Mario De volcy ( Viva Haiti), Fédia Laguerre  (General), Jean Samuel Lubin (Kessy Koudjay ,Manman poul la) ,Boukman Eksperyans (Kem pa sote 1990, Pawol tafia), Boukan Ginen ( Neg anwo,,Edem chante), Kampech (Libete, Pouki Sa) etc.Tous les jeux de mots étaient bons, tous les textes étaient acceptables dans la mesure ou ils éveillent l’attention du public et traduisent les aspirations du peuple haitien.

D’après Samba Zao, en 1988, Foula s’est rendu aux Etats Unis  pour représenter Haiti au festival de la Louisianne. Ce fut le tour de ‘Samba Yo’ en 1989.

En 1988, Boukman Eksperyans fit des  pas de géants à Port-au-Prince. Il a fait le Rex Théatre, en 1989, le groupe gagne le concours de musique de la American Airlines et partit pour les Etats Unis en vue de performer au festival de la Louisianne en 1990. Ce groupe eut comme membres: Daniel et Théodore Beaubrun Jr (Lolo), Mimerose et Marjorie Beaubrun, Eddy François, Evens, Gary et Frantz Seney, Patrick saintVal-Demorcy, Henry Bernard et Maggy Jean Louis, ce groupe s’engage dans une lutte féroce pour essayer de changer le status-quo en Haiti. Au lieu d’associer les élements du Jazz aux rithmes Affricains, ils exploitent certaines indices du Rock and Roll et des textes reflettant certains problemes sociaux  qui jonchent l’avenir des classes défavorisées pour créer une musique guerièrre dans la lignée de “Grenadiers à l’assaut’ “ Kem pa sote”. En 1991, Boukman Eksperyans reçut les honneurs de Rollin Stone Magazine.

A la fin de 1990, Eddy Francois, Seney et Vladimir Jan Félix divorcent les frères Beaubrun pour enfanter ‘ Boukan Ginen ‘; leur propre groupe.  En 1991, ce groupe obtint avec ‘Pale Pale w’, le premier prix de méringue carnavalesque en Haiti. En 1993, ces musiciens ont décroché à Paris, le quatrième prix de chansons.

Toujours en 1990, les conjunctures que traversaient le pays ont engendrées la formation de RAM. Le fondateur de ce groupe fut Richard  Auguste Morse; ce dernier, l’un des petits fils de Linstant Auguste Despradines (Candio), millitant de première heure qui attisait  président Borno et sa clique avec L’huile De ricin, Les élections legislatives et  d’autres chansons de combat. De 1991 a 1994, Kote moun yo, Fey etc étaient considérées comme des atouts destinés à rendre difficile la vie des tenants du pouvoir. Malgré qu’elles soient toutes des chansons traditionelles ou folkloriques, elle étaient entendues par  les membres de la junte millitaire et ses accolites avec des oreilles attentives et critiques. Ils avaient même menacé Morse et sa suite parceque les chansons de RAM suggéraient la révolte. Certaines de ses chansons étaient interdites de jouer à la radio. Etait-il le protégé de Mr Swing ( Bouriq Chaje), le consul Américain de l’époque?

 Aidé de son épouse Lunise, danseuse et chanteuse du groupe, et des autres musiciens comme Wilson Theluse, Jean Marie Brignol, Robert Word Romain, Joe Mondelus, Jean Emmanuel Marcelin,Yonel Justin, Sylvain Jean, Patou Lindor, Jonas jean, Irene Jules, Richard Auguste Morse survit les attaques des régimes  qui le considéraient comme agitateur.

 Préstations et spectacles en tant que divertissements populaires ont toujours existé en Haiti mais, jamais on a observé tant de fougues et d'enthousiasmes. Ce peuple de deux cents ans a épouse la colère et l’aggréssivite des instruments à percussions , la douceur des cuivres, les notes bleues et attendries  qu’émanent du synthetiseur et des guitarres.  Cette jeunesse a retenu plus longtemps les instants d’euphorie que lui offrent, les gestes, danses et mouvements des artistes, la profondeur des textes, les vibrations des instruments à percussions et les sons aigues des guitarres électriques et des synthetiseurs de 1986 à nos jours. Depuis, la musique racine s’est enrichie de nombreux textes nationaux émanant directement de la situation politique, sociale, économique et humaine du peuple haitien. Cette ile ensoleillée, cette terre imbibée de troubles et de déboires où toutes analyses rationelles deviennent surranées, voulut après le phénomène de 1986 s’inscrire á nouveau aux rangs des nations où le peuple bénéficierait du principe fondamental "Tous les hommes sont nés égaux".           

 Au lieu d’être figer disait Montaigne, l’homme est un être ondoyant et divers. Il change de conceptions de siécles en siécles de saisons en saisons à la recherche d’un surpassement de soi. Nous avions aussi appris de la pensée scientifique moderne que rien n’est statique, tout est mouvement et que nous sommes en perpétuelle transformation; il en est de même de la musique paysanne. Avec “Le mouvement racine” qui peut se définir comme étant la fusion de nos rythmes ancestrales avec certains principes et instruments du jazz americain et du Rock and Roll, nous avions assisté à la renaissance de la musique folklorique haitienne.  


Entrevue avec Alix Pascal  1984.
Entrevue de Fritz Martial avec Théodpore Beabrun Jr (Lolo) sur Moman Kreyol 1986.
Entrevue avec Richard Moss sur Moman Kreyol  1992 .                                          
Entrevue par télephone sur Moman Kreyol avec Eddy François directement de Paris 1993.
Brêve entrevue avec Mario De Volcy ( Février 2010)
Entrevue avec Jacques Ardouin Chancy (Doudou Chancy) Février 2010.